mercredi 26 septembre 2012

Nouveau Showroom EDELWEISS 2012

Edelweiss, le superbe mensuel qui allie culture, design, art et mode suisses, présentera son showroom 2012 à l'Hôtel Tiffany de Genève, du 12 au 14 octobre. Une excellente occasion de découvrir 40 labels de mode et d'accessoires dans une boutique éphémère. Venez découvrir les talents issus d'un pays qui n'a absolument rien à envier à ses voisins, et plus encore !


Du côté du prêt-à-porter, mes coups de coeur vont à des Lausannoises pur sucre ou d'adoption :

* Viva Frida qui présentera sa nouvelle collection automne-hiver que l'on se réjouit de découvrir. Des pépites vintage et rétro auxquelles personne ne résiste !
* Trumpet By Meister avec ses vêtements et accessoires à la fois décalés, éthiques et vitaminés.
* Collection 66 et ses robes au romantisme inégalé, décliné cette saison sous le signe des astres et de leurs constellations.



Viva Frida

Trumpet By Meister

Collection 66

Du côté des accessoires et bijoux, je ne peux que vous conseiller de fondre d'envie pour Baies d'Erelle et ses bijoux artisanaux destinés à durer toute une vie, mais aussi de rendre visite à l'espiègle Jane des Bijoux de Jane dont les mains de fée réalisent des prouesses (bijoux de tête, colliers, bracelets, etc.) inspirées du monde végétal et animal.

Baies d'Erelle

Les Bijoux de Jane

Les vêtements pour homme créés par la très talentueuse Xénia Laffely (fraîchement diplômée de la HEAD en design de mode) méritent absolument le coup d'oeil. Sa collection nommée "Tu N’auras Pas D’autre Icône Que Moi Et Tu Mangeras Ton Père" révèle un talent féroce pour la superposition de pièces aux imprimés graphiques qui se prolongent hors-champ par des illustrations. Un réel enchantement. Que ces fils renégats se multiplient enfin afin de porter des jupes en rupture avec la tradition !





N'hésitez pas, le showroom est une occasion unique de découvrir une foule de belles choses dans un cadre agréable et convivial. La Robe de Mes Rêves s'associe avec plaisir pour soutenir une manifestation qui sera riche en émotions ....

12 au 14 octobre 2012
Hôtel Tiffany, 20 rue de l'Arquebuse, 1204 Genève
Entrée libre _ vendredi 13h19 _ samedi 10h-20h_ dimanche 11h-19h


mardi 18 septembre 2012

S'habiller pour sortir en 2012 ? Quelle audace !

C'est en proposant des robes de soirée vintage qui peinent à se vendre, que je me suis rendue compte à quel point, de nos jours, peu de gens prennent le soin de s'habiller pour sortir, c'est-à-dire: osent des tenues spécialement élégantes, raffinées ou originales. 


Par le passé, une sortie au cinéma ou un repas entre amis offraient l'opportunité de choisir une tenue chic adaptée pour l'événement. Aujourd'hui, la seule occasion spéciale qui permet de s'habiller autrement que pour couvrir sa peau, c'est un mariage, là où l'on peut sortir sa robe de princesse sans être la risée de tous.


Tel est le nouveau snobisme : surtout ne pas paraître over-dressed, faire preuve de décontraction en toutes circonstances. Il faut montrer qu'au lieu de passer des heures devant son armoire à s'apprêter, on utilise notre temps à des choses moins futiles...


C'est le triomphe de l'anti-frime, de la normalité, du camouflage urbain et de la pseudo-indifférence. Surtout ne pas se faire remarquer. Surtout ne pas sortir ses paillettes au moindre vernissage. Surtout être raccord avec son environnement. Et gare à ne pas être amalgamée avec la provinciale tout droit descendue de son hameau pour s'afficher en ville.


Porter une robe vintage noire à col victorien devient une robe de bal aux yeux des collègues qui font du mauvais goût une règle vestimentaire symbole de leur sérieux. Le souci du vêtement trahirait alors un souci de soi qui perturbe l'une des vertus de notre mentalité helvétique : la discrétion. 


Et pourtant. Et pourtant, je regrette parfois que cette feinte négligence  mène à dénigrer des tentatives d'exprimer sa personnalité, son imagination, son plaisir à ponctuer certaines moments de la vie à travers le vêtement. Je soupire d'envie face à des photographies des années 1950 où les femmes sont parées de tenues à la fois confortables et seyantes. 


Et je me mets à songer au jour qui verra la réhabilitation de l'habit faisant rêver au quotidien... et pas seulement durant les mariages ou les fêtes déguisées.



mercredi 12 septembre 2012

8 trucs pour dater une robe vintage

L'identification d'un vêtement est à l'image de la vie : la pratique construit la connaissance. Savoir dater une pièce vintage est une capacité qui s’acquiert principalement par l’expérience, les lectures, mais également grâce à des discussions avec des spécialistes qui partagent leurs compétences. 


Voici un résumé en huit points de ce modeste savoir. Si vous souhaitez compléter cet article, n’hésitez pas à m’écrire pour que je puisse l’enrichir de nouvelles informations, il n’est de loin pas exhaustif, surtout en ce qui concerne les époques antérieures aux années 1960. Un grand merci à Valerie Bevintage pour a relecture !


1) Fait-main versus confection industrielle

* Les vêtements fait-main datent le plus souvent d’avant 1970, représentant une véritable alternative au prêt-à-porter des maisons spécialisées ou à la vente sur catalogue, ainsi qu’à l’industrie du vêtement qui se développe dès les années 1950. 

* La plupart du temps, ils ne contiennent pas d’étiquette et les traces du travail manuel sont assez apparentes, comme le cousu main (voir photo ci-dessus).

* Certains prototypes de maisons de couture prestigieuses ayant servi aux défilés ne possédaient ni étiquettes, ni doublures.

* En 1955 aux Etats-Unis par exemple, 52 millions de femmes réalisent elles-mêmes leurs vêtements à la maison avec une machine à coudre. 

* Dans les années 1960, ce chiffre double, mais dès les années 1980, on privilégie l’achat de vêtements bon marché produits en Asie, ce qui explique en partie le déclin du fait-main.  


2) L'étiquette

* L’étiquette constitue selon moi, avec la matière et les coutures, l’indice le plus probant pour identifier un vêtement vintage. Il est révélateur à plus d’un titre : son contenu, sa grandeur, ses couleurs, sa typographie indiquent à coup sûr l’âge du vêtement, d’autant plus lorsque certaines marques ont disparu du circuit.


* L’originalité des typographies figurant sur les étiquettes est bien plus patente par le passé que de nos jours, à quelques exceptions près, bien entendu. Autrefois, c’était un aspect du vêtement qui, bien que caché aux yeux de tous, était investi en tant qu’espace de création reflétant l’esprit général de la marque (le classicisme, la jeunesse, l’audace, le romantisme, etc.).


* Si un vêtement porte une étiquette indiquant une marque ou un designer particuliers, vous pouvez vous référer à une précieuse base de données fournie par la Vintage Fashion Guild américaine : the Vintage Fashion Guild’s label resource guide

* Si l’on a affaire à un vêtement de marque, il est intéressant de savoir que les labels d’une maison de couture n’ont cessé de se modifier à travers l’histoire, reflétant le style de la firme à un moment donné. On peut, par exemple, suivre l’évolution des étiquettes de la firme Betty Barclay au gré du temps et dater un vêtement en fonction de leur forme, couleurs, typographie d’écriture, apparence générale, etc. 

1960

1970
 
1980

* Les vêtements américains fabriqués avant les années 1980 (époque qui correspond au boom de la production délocalisée et globalisée) portent parfois le label LGWU, indiquant qu’ils sont soutenus par une union de producteurs indépendants qui s’entraident au sein du marché de la mode (pour plus de précisions, voir http://sammydvintage.com/vintage-style/union-labels-ilgwu). 



* Un vêtement portant une étiquette mentionnant « One Size Fits All » date certainement des années 1980, l’époque bénie de l’oversize destiné à convenir à toutes les tailles. La mode voyait alors grand et pensait universel.


* Parfois, aux côtés de l’étiquette indiquant la marque, apparaît la mention du lot (avec un numéro) : c’est le signe que le vêtement est antérieur aux années 1980, lorsque la production n’était pas encore informatisée. Ces chiffres permettaient ainsi de repérer des groupes de pièces produites pour différents magasins. Le numéro de style, quant à lui, se réfère au style de la pièce, à son modèle exact.


* Bien des étiquettes portent parfois la mention d’une ville comme « Paris », « London » ou « San Francisco ». C’est un indice certain qu’il s’agit d’une pièce vintage datant d’une époque où l’on aimait savoir d’où provenaient les vêtements, contrairement à aujourd’hui où le Made in China ne relève pas du chic le plus ultra. En effet, comment trouver du panache à dire qu’une pièce H&M est faite à Taïwan, alors que c’était le comble de l’élégance et du bon goût pour une New-yorkaise d’arborer un look venant de la Côte Ouest ou de Paris ? 


Si les femmes appréciaient que leurs vêtements soient rattachés à une région géographique précise, c’est également parce que chaque pièce était de porteuse de valeurs et de fantasmes (de cosmopolitisme, de glamour, d’exotisme). La production de masse et la vente par Internet ont rendu caduc l’engouement pour les labels géographiques. 

* Dès les années 80, les étiquettes portant les termes de « Made in USA », « Made in Italy », etc. sont symptomatiques d’une réaction aux processus de globalisation économique. Les fabricants indiquent ainsi la qualité de produits conçus au sein d’une économie nationale qui résiste aux facilités offertes par le marché de masse. C’est, en résumé, un gage de qualité offert aux consommateurs.


* Vous rencontrez parfois des étiquettes mentionnant des pays qui ont désormais « disparus » : c’est le cas de la Yougoslavie (dissoute au début des années 1990 pour se reconstituer en plusieurs pays, dont le République Fédérale de Yougoslavie) ou de la colonie britannique Hong Kong (devenue indépendante en 1997). Si vous tombez sur une pièce portant la mention « The British Crown of Hong Kong », c’est qu’elle est antérieure à 1997. Observé de près, le vintage peut ainsi livrer une véritable leçon de géopolitique et d’histoire.


* Si vous trouvez des pièces contenant une étiquette avec le prix d’origine, celle-ci peut vous fournir de nombreuses indications sur la période en question : le montant, l’écriture à la main ou à la machine, la qualité du papier, etc. Dans les années 1960-70, certaines étiquettes contenaient des trous destinés à être déchiffrés par une sorte de caisse enregistreuse, ancêtre de nos ordinateurs actuels qui digitalisent toutes les informations relatives à un vêtement (ce type d’étiquette disparaît complètement dans les années 80).


* Les étiquettes indiquant les soins à apporter au vêtement apparaissent dès les années 1970. Aux Etats-Unis, la Commission Fédérale du Commerce impose à toutes les manufactures l’application d’une loi concernant l’usage systématique de l’étiquette de soin (1971).


* Pour une description illustrée des labels, y compris européens, se référer à la base donnée de la Vintage Fashion Guild : http://vintagefashionguild.org/label-resource-a-z
 

3) Les fermetures-éclair

* Alors que les fermetures-éclair en métal sont inventées à la fin du 19e siècle, elles n’apparaissent pas dans le secteur de la mode avant les années 1920-1930. Considérées comme vulgaires, elles munissent uniquement les pantalons d’homme et les vêtements d’enfants. 

En effet, une femme portant un vêtement à fermeture-éclair aurait été considérée comme trop « facile » à déshabiller, et par extension, trop légère. C’est pourquoi, dans les années 1930, le diffamant détail est savamment caché dans les coutures latérales d’une robe. 

* La décennie suivante accepte enfin les fermetures-éclair, placées le plus souvent le long de la couture latérale. En 1950, alors  pleinement utilisées dans la confection féminine, elles tendent à se déplacer à l’arrière du vêtement, sur la couture centrale (mais il y a toujours des exceptions, voyez ci-dessous).

Robe 1950, zip métal situé sur la couture latérale

* Durant les années 1960, la majorité des vêtements portent la fermeture-éclair au milieu du dos. C’est autour de 1963 que les fermetures-éclair en plastique font leur apparition, puis dès 1968, celles en nylon, remplaçant ainsi les zips en métal. 

* Depuis les années 1970, règnent les fermetures-éclair en plastique que l’on repère sur tous les vêtements produits en masse. Pour résumer : le zip se situe de côté : 1930-1940 ; sur le dos au milieu : 1950-1960 ; dès 1960- 1970 : centrée sur le dos.

Robe 1940 / Robe 1950

* Pour le linge de corps et les maillots, en particulier, jusqu'au début des années 20, ils sont encore boutonnés. Dès les années 30, les boutons seront remplacés par des agrafes, beaucoup plus seyantes pour l'ajustement.


4) La taille du vêtement

* Si un vêtement n’a pas de taille indiquée, c’est qu’il date probablement d’avant la fin des années 1950. Si la taille indiquée ne correspond pas à votre taille, c’est que vous avez très certainement un vêtement vintage entre vos mains : la plupart du temps, les tailles vintage sont beaucoup plus grandes que les tailles actuelles. En tant que taille 36, vous pouvez parfaitement rentrer dans un vêtement indiquant un 40 ou un 42. 


* Les systèmes d’indication de taille n’ayant cessé de changer durant les années (en plus de varier passablement selon les pays), mieux vaut se fier aux mesures exactes du vêtement (largeur d’épaules, tour de poitrine, tour de taille, tour de hanches, longueur, etc.) pour savoir s’il nous sied.

*Grosso modo, voilà quelques correspondances pour les tailles d'aujourd'hui. Je généralise à partir de ma pratique, sans prendre en considération les variabilités d'un pays européen à l'autre (certaines étiquettes font parfois figurer des chiffres renvoyant à différents systèmes de taille : D, It, Fr, etc.). 
Compter pour le vintage, une ou deux tailles au-dessus. Aux Etats-Unis : les chiffres vont de 0 à 16 (par ex).
En Europe : les chiffres vont du 32 au 46.
Au Royaume-Uni : même chose que les tailles américaines, sauf qu'un 40 US correspond à un 42 UK.

taille XS : 0-2 US / 32-34 Eur / 2-4 UK
taille S : 2-4 US / 34-36 Eur / 4-6 UK
taille M : 6-8 US / 38-40 Eur / 8-10 UK
taille L : 10-12 US / 40-42 Eur / 12-14 UK
taille XL : 12-14 US / 42-44 Eur / 14-16 UK
taille XXL : 14-16 US / 44-46 Eur / 16-18 UK



5) Les boutons

Les boutons « vintage » peuvent être en bakélite, en lucite (connue sous le nom de plexiglas) ou en plastique. 

* Dans les années 1930-1940, on use de boutons en bakélite, premier plastique synthétique inventé en 1909. On parvient à reconnaître un bouton en bakélite car il est presque toujours coloré. Pour en être sûr-e, on peut essuyer le bouton avec un coton-tige enduit de nettoyant et voir si cela laisse des tâches jaunes sur le coton. Si c’est le cas, c’est qu’il s’agit bien de bakélite. 

Bouton en bakélite 1940 / Bouton en plastique 1960

* Dans les années 1950, les boutons sont souvent fabriqués en lucite, un type de plastique transparent et dur inventé en 1931. 

* Dès les années 1960, les boutons prennent une apparence un peu plus cheap, n’ayant plus la même qualité que le bakélite ou la lucite.


6) Les coutures

* Avant les années 1940, les plis des coutures sont nets, les bords du tissus dessinant des lignes bien droites (appelées coutures françaises). 

* Durant les années 1950, on voit de plus en plus de vêtements avec des coutures dentelées qui évitent au tissu de s’effilocher. La popularisation de ce genre de couture est due à la large diffusion des ciseaux dentelés (inventés en 1893) qui garnissent alors toutes les boîtes à couture. 

* Dans les années 1960, grâce à l’accessibilité croissante des machines à serger, les coutures sergées remplacent peu à peu les coutures dentelées : elles permettent de sécuriser le tissu grâce à de grands points cousus en zig zag. 


* Si une pièce a des coutures irrégulières, il y a de grandes chances pour que le vêtement ait été réalisé avant les années 1950, lorsque les machines à serger et les ciseaux dentelés n’étaient pas encore disponibles pour la couturière de tous les jours.


7) Les manches 

* Avant les années 1970, les manches sont conçues (souvent sur mesure) pour suivre la ligne du bras, en restant très près du corps. L’espace entre le tissu et le bras est alors équidistant le long de tous les points de la manche. Quant aux emmanchures, elles sont étroites, contrairement aux largesses des années 1980. 

* Dès les années 1970, en effet, les styles changent pour laisser la place à des manches amples (manches ballons, manches bouffantes, etc.) typiques de la maxi robe hippie aux allures edwardiennes. 

Robe fait main 1960

Robe manches chauve-souris 1980

* Durant les années 1980, ce sont les manches chauve-souris et les manches bouffantes qui sont à l’honneur : pas question de porter des manches aux formes simples et droites. 


 8) La doublure

* Avant 1970, les vêtements pour femmes sont rarement munis d’une doublure car la combinaison fait alors office de doublure, protégeant le corps des frottements provoqués par les coutures ou la matière. Une robe avec doublure date probablement des années 1970 et au-delà, même s’il faut signaler une importante exception. 

* Très souvent dans les années 1970, les femmes ne portaient pas de combinaison parce que les vêtements étaient faits en coton ou en polyester, des tissus suffisamment opaques pour ne pas dévoiler trop hardiment la silhouette. 

* Les robes avec doublure deviennent populaires au début des années 1980, lorsque les coupes reviennent plus près du corps (comme dans les années 1960) et que la vêtement souligne sa forme, la révélant de l’extérieur. 

* Afin de différencier une robe non doublée des années 70 et 60, il faut surtout prendre en considération la matière : si c’est du polyester, il s’agit certainement d’une pièce des années 1970.


Certaines images sont tirées de l'excellent blog Sammy Davis Vintage.


Pour approfondir :

vendredi 7 septembre 2012

Le Boom de la nostalgie

Un article du magazine économique suisse Bilan à propos du boom de la nostalgie rétro. Avec l'avis succinct de La Robe de Mes Rêves alias Doctor - esse Mireille Berton (ou comment marier ses deux métiers sans tomber dans la schizophrénie la plus irréversible). Par Christophe Mettral, un ancien étudiant qui a suivi mes cours sur les théories féministes du cinéma et qui, malheureusement, oublie de féminiser ma fonction puisque je suis bien maître-assistantE à l'Université de Lausanne. Merci à lui. Quand même.