Je ne résiste pas au plaisir de partager un extrait tiré de la désopilante revue Causette. Sous la rubrique "On nous prend pour des quiches", on trouve des purs éclats de vérité diamantine relatifs au sexisme ordinaire. Comme par exemple cette publicité des années 1970 pour un anxioloytique à prescrire aux desperate housewifes qu'on recommande d'abrutir plutôt que de pousser à la révolte... Ou comment anesthésier la conscience des femmes en les rendant coupables de ne pas savoir s'adapter à la prison domestique des brosses à récurer...
vendredi 30 mars 2012
samedi 24 mars 2012
Le vintage: un effet de mode?
Force est de constater: le vintage fait fureur dans la rue comme sur les podiums, dans les magazines comme dans le commerce du vêtement. Les salons et autres marchés du vintage se multiplient et ne désemplissent pas, à l'instar des friperies qui attirent en masse une clientèle lassée par l'uniformité de la mode internationale.
Touchant auparavant une niche de collectionneurs, de passionnés et d'esthètes, le vintage s'est très vite démocratisé pour le plus grand plaisir des fashionistas en quête perpétuelle d'une nouvelle "hype-attitude". Exporté de la haute couture (initialement, le vintage désignait les anciennes pièces de collections composant le patrimoine des grands couturiers), le vintage est devenu tendance. Comment expliquer un tel entichement et, partant, la transformation d'un phénomène historique réflétant une époque particulière en un simple effet de mode?
Touchant auparavant une niche de collectionneurs, de passionnés et d'esthètes, le vintage s'est très vite démocratisé pour le plus grand plaisir des fashionistas en quête perpétuelle d'une nouvelle "hype-attitude". Exporté de la haute couture (initialement, le vintage désignait les anciennes pièces de collections composant le patrimoine des grands couturiers), le vintage est devenu tendance. Comment expliquer un tel entichement et, partant, la transformation d'un phénomène historique réflétant une époque particulière en un simple effet de mode?
On peut d'une part supposer que, même galvaudée, l'étiquette "vintage" exerce un pouvoir d'attraction sur celles et ceux qui souhaitent se singulariser au point de vue vestimentaire, tant la grande confection peine à proposer des produits originaux et de qualité. D'autre part, le vintage doit éveiller chez ses amateurs un sentiment de sécurité et de confiance, ses pièces ayant traversé vaillamment diverses époques, arrivant parfois intactes jusqu'à nous. Le vintage nourrit probablement un besoin nostalgique de s'approprier son corps en s'appuyant sur le passé, ce regard rétrospectif lui donnant une meilleure assise dans le présent, alors que notre mode actuel ne cesse d'être régi par des logiques globalisation, de dématérialisation, d'instantanéité et d'immédiateté.
La pièce vintage au contraire opère comme une sorte d'arrêt sur image sur un moment donné de l'histoire du 20e siècle (ou en deça), elle rappelle le soin qui était apporté à la réalisation minutieuse des vêtements, elle met en relief la sensualité des matières naturelles, elle se démarque nettement au milieu du défilé monocorde des fringues H&M, permettant tout à la fois une éloge de la lenteur, de la tactilité et de la singularité. Un parallèle tiré de champs très différents permettra peut-être de clarifier mon propos: dans le domaine de la pratique et de la théorie du cinéma, on peut constater un regain d'intérêt pour les technologies analogiques, celles-ci constituant en quelque sorte la mémoire vive des médias numériques qui favorisent l'évanescence des supports. Ailleurs, voyez l'engouement pour le polaroid et le vinyle: il ne fait que rejouer sur un autre plan cette soif d'authenticité, de mémoire et de concret que garantissent les techniques et les objets du passé.
La pièce vintage au contraire opère comme une sorte d'arrêt sur image sur un moment donné de l'histoire du 20e siècle (ou en deça), elle rappelle le soin qui était apporté à la réalisation minutieuse des vêtements, elle met en relief la sensualité des matières naturelles, elle se démarque nettement au milieu du défilé monocorde des fringues H&M, permettant tout à la fois une éloge de la lenteur, de la tactilité et de la singularité. Un parallèle tiré de champs très différents permettra peut-être de clarifier mon propos: dans le domaine de la pratique et de la théorie du cinéma, on peut constater un regain d'intérêt pour les technologies analogiques, celles-ci constituant en quelque sorte la mémoire vive des médias numériques qui favorisent l'évanescence des supports. Ailleurs, voyez l'engouement pour le polaroid et le vinyle: il ne fait que rejouer sur un autre plan cette soif d'authenticité, de mémoire et de concret que garantissent les techniques et les objets du passé.
Dans un monde où la démultiplication des flux d'informations encourage l'amnésie collective (voir le fil des actualités sur les réseaux sociaux comme Facebook), j'ose penser que c'est cette connaissance intuitive de la pièce vintage comme d'une pièce chargée d'histoire qui contribue à expliquer son succès croissant. Certes, il faut s'inquiéter du phénomène de banalisation qui menace le vintage, certaines marques semant la confusion en désignant leur collection de "vintage" alors qu'il ne s'agit que d'une très vague inspiration rétro adaptée au goût du jour. Certes, il faut craindre que le terme soit utilisé à tort et à travers pour qualifier n'importe quelle pièce un peu kitsch et jugée rigolote (et hop, un joli déguisement pour carnaval!). Certes les puristes peuvent déplorer l'ignorance avec laquelle certains vêtements peuvent être portés par des personnes qui ne jurent que par la mode et ses durées de vie limitées.
lundi 19 mars 2012
Vintage Mania à Montréal
A la faveur d'un voyage à Montréal, j'ai pu découvrir divers espaces consacrés au vintage, allant de la boutique haut de gamme à la friperie tendance caritative. Une diversité intéressante permettant de parcourir toute la gamme des modalités possibles de vente du vintage: armée du salut, friperie, échoppe chic, magasin de passionnée, vintage "revampirisé" (customisé), créations à partir de vêtements ou tissus vintage recyclés, etc. Les pièces se laissent dégoter au gré des rayons tantôt foutraques tantôt hyper sélectifs, le rare y côtoyant le tout-venant, l'admirable le commun. Une constante s'affiche dans la diversité: des rayons homme qui trouvent aisément une clientèle avisée dans les pays anglo-saxons où le vintage masculin a un potentiel bien plus développé qu'en Europe (en tout cas, pour l'instant).
L'Autre Placard sur l'av. du Mont-Royal |
A chaque fois, on y revendique le "Not made in China" et l'entraide collective, les Montréalais étant spécialement sensibles aux problématiques éco-sociales. Championnes en la matière, les friperies populaires de quartier comme Le Village des Valeurs et les Fripes-Prix exigent patience dans la recherche en raison des dimensions gigantesques de leurs locaux et des nombreux recoins riches de potentielles trouvailles. Alternative bon marché aux boutiques pointues, ces lieux réservent en effet de belles surprises, même s'il est recommandé de vérifier minutieusement l'état de la pièce avant l'achat.
J'ai particulièrement apprécié trois boutiques absolument incontournables si l'on aime les matières naturelles et les pièces rares: Mémento (3678, Rue Saint-Denis), Kokonut by Kitsch'n Swell (3968-3972, Boulevard Saint-Laurent) et Annex Vintage (56, Av. Saint-Viateur Ouest). Les propriétaires y sont chevronnés et souriants, façonnant un univers rétro et soigné qui nous fait voyager dans le temps, comme chez Kitsch'n Swell. Première étape d'un parcours en images.
Dans un tout autre registre, Mémento joue la carte de l'élégance et de la rareté à des prix tout à fait abordables (dès 40 dollars canadiens, sans compter les taxes). J'y ai entre autres acheté une pièce de collection des années 1950s provenant du musée du costume de Montréal ♥ Coup de coeur absolu pour cette boutique où la vendeuse aux cheveux bleus a bien voulu me faire un prix!
Situé dans le quartier branchouille du Mile End et troisième perle parmi les perles, Annex Vintage propose des pièces qui peuvent se porter facilement dans la vie quotidienne. On y trouve des marques canadiennes mais également londoniennes. A noter: la qualité de la sélection en sacs à main qui mêlent simplicité, confort et détails très travaillés. Une véritable Ile de la Tentation!
Dans le groupe des bonnes friperies, il faut citer Eva B. sur le Boulevard Saint-Laurent (2015), même si son rayon vintage est minuscule (voir seconde photo). Ses points forts: l'ambiance baba cool, la décoration délirante, la présence de multiples mannequins vintage décorés ou non (en vente!), l'accueil bienveillant (on nous offre dès l'entrée une tasse de thé alors qu'il gèle dehors), le foisonnement des rayons. Cette boutique ne figure pas pour rien dans le Lonely Planet, elle mérite le détour!
Voilà encore quelques suggestions en images. Un conseil: mieux vaut dans son périple-fripes prévoir à l'avance son itinéraire, la ville de Montréal – malgré son quadrillage "rationnel" – ne se livrant pas facilement à ses premiers visiteurs, elle demande qu'on s'adapte à sa logique géographique très particulière : proportions gigantesques, numérotations décourageante des blocs, complémentarité indispensable des lignes de métro et de bus, distances impossibles à parcourir à pied, absence de points de repères évidents (uniformité des rues, rareté des monuments ou places). Par ailleurs, si quelques quartiers concentrent plusieurs lieux intéressants dans un périmètre raisonnable (Mile End, le Plateau de Mont-Royal), elles sont la plupart du temps très dispersées.
Friperie Saint-Laurent, 3976 bld Saint-Laurent
L’Autre Placard, 2036 av. du Mont-Royal Est
On & On, 725 rue Clark (quartier Mile End)
Local 24, 23 rue Saint-Bernard (quartier Mile End)
Folles Alliées, 365 av. du Mont-Royal Est
Boutique Encore, 2165 av. Crescent
Acte 2, 4967 av. Queen Mary
E.R.A Vintage, 1708 rue Notre-Dame Ouest