Alors que chez les spécialistes cette question ne mérite pas d'être soulevée tant la réponse est évidente (le vintage pur et dur ne fricote pas impunément avec la fripaille), pour les profanes et le grand public, la distinction peut mériter explication afin de dissiper les malentendus.
Face à l'engouement suscité pour le vintage, il fréquent de constater que les étiquettes se mélangent dans le plus joyeux désordre : rétro, seconde main, fripes, vintage, néo-rétro, etc., la multiplication des désignations participe à la confusion. Pas facile de s'y retrouver quand le rétro désigne une forme de nostalgie joyeuse pour le passé, la seconde main l'état d'objets usagés (qu'ils soient actuels ou anciens), la fripe des vêtements usagés, et le vintage un accessoire ou un vêtement remarquable par sa qualité, notamment en référence à un âge ou une décennie.
Alors que la fripe désigne un type de vêtements, le plus souvent de seconde main, bas de gamme, aux origines diverses et de facture récente, le vintage correspond à des pièces d'avant 1990 ayant marqué l'histoire de la mode et se distinguant par leur authenticité (marque, technique, tissus, etc.). Mais le vintage, c'est bien plus que cela : c'est un état d'esprit qui vise à prolonger la vie de pièces conçues au millimètre près, dans le souci de la qualité de la coupe et des matières utilisées. En un mot : une éthique et une passion.
Certes le vintage a déjà été porté par d'autres avant nous, mais loin d'être un défaut, c'est une qualité qui rehausse la pièce d'un véritable vécu d'autant plus émouvant qu'il reste intact à nos yeux et nos coeurs admiratifs d'une telle longévité. La pièce vintage a surtout été aimée avant nous, dans le sens d'une histoire vécue, et non pas d'un matériau abîmé et défraîchi.
Alors que la fripe s'offre sous la forme de lots désordonnés et risque de s'oublier au fond d'un placard, la pièce vintage se distingue par son unicité : elle brille de mille feux parmi des vêtements plus communs, elle en appelle à notre goût de l'art et de l'esthétique, elle fait résonner en nous le souvenir d'un film, d'un tableau ou d'une photographie du passé. En un mot : elle est source d'inspiration.
Bien sûr, on trouve dans certains salons réputés des exposants qui oublient de trier leur marchandise et qui font passer pour du vintage des pièces qui n'en sont pas. A nous d'aiguiser nos sens pour repérer les belles pièces isolées dans des amoncèlements de vêtements et d'accessoires. Ou de laisser tomber la partie.
Si la fripe est distribuée à coup de sacs poubelle 110 litres, le vintage lui fait l'objet d'une sélection à la main, pièce par pièce, avec le temps de l'inspection et de la réflexion nécessaire à son acquisition. Le vintage se mérite, il faut aller vers lui, se donner de la peine pour le débusquer, tandis que la fripe a tendance à venir à nous, les lieux où elle s'offre ne cessant d'essaimer (magasins spécialisés, vide-dressing, vide-grenier, foires, etc.).
La fripe peut fournir des bons basiques à bon marché, alors que le vintage livre une pièce forte qui marque le look et la garde-robe. La fripe risque de souffrir avec des lavages répétés, alors que le vintage a des chances, s'il est traité avec respect, de conserver toute sa prestance d'antan, rapport à la qualité de la confection, des matériaux et des coutures.
La fripe se confond facilement avec des vêtements contemporains, alors que le vintage est atemporel et indémodable. La fripe sied plutôt aux acheteurs compulsifs heureux de faire une bonne affaire, tandis que le vintage convient aux contemplatifs, aux exigeants et aux esthètes. La fripe aime les consommateurs, le vintage, les collectionneurs.
Deux logiques donc de rencontre avec un vêtement, deux états d'esprit, pas forcément antinomiques mais distincts. Deux états d'esprit qu'il ne s'agit pas forcément de juger ou de hiérarchiser, mais qu'il s'agit de différencier afin d'éviter les amalgames dont ils sont trop souvent l'objet. A chacun ensuite de faire son choix ou de mélanger les genres.
bravo très bel article..et très juste..merci Mireille:)
RépondreSupprimerMerci Muriel !
RépondreSupprimerJe trouve votre article très pertinent!
RépondreSupprimerEffectivement, les salons spécialisés ne font pas toujours la différence entre vintage et fripe...je le sais car je participe à ces salons. Le vintage s'adresse à un public de collectionneur, d'amoureux des belles confections...
D'ailleurs je vous en conseille un de qualité les 1 et 2 décembre sur Paris : le Wonder Vintage Market qui se déroulea au Centquatre à la Vilette.
Et en attendant n'hésitez pas à jeter un oeil sur du vintage pur 70's et 60's sur http://www.wizette.com
Je pratage votre article!